La permaculture…Que se cache-t-il derrière ce mot ? De nombreuses personnes ont proposé leur définition, et beaucoup se sont renseigné afin de s’en faire une opinion. Ici, nous allons voir qu’au-delà d’une simple définition, la permaculture répond à un contexte, elle a un historique spécifique qu’il convient de cerner afin de comprendre la force qu’elle dégage.
Définition(s)
La permaculture est une démarche inspirée de la nature, basée sur une éthique, des principes et une méthodologie, pour concevoir des lieux écologiquement soutenables, socialement équitables et économiquement viables.
Éthique
Les trois éthiques ci-contre sont les pierres angulaires de toute démarche en permaculture.
C’est en cherchant l’équilibre permanent entre ces trois éthiques que l’on peut créer des systèmes soutenables.
De plus, partons du principe qu’aucune solution n’est bonne ou mauvaise, mais seulement adaptée à son contexte. Voici un exemple :
Songez à une bouteille en plastique. Nous savons que le plastique pollue, et par ailleurs nous disposons en France d’un réseau d’eau potable convenable. Nous pourrions généralement nous passer de boire de l’eau en bouteille, et réduire cette pollution. Songez maintenant aux bienfaits d’apporter ces bouteilles à des populations n’ayant pas un système convenable de gestion de l’eau. Le contexte n’est plus le même, les « bonnes solutions » non plus!
Exercice collectif sur les éthiques de la permaculture, que nous dispensons lors de nos stages d’initiation
La permaculture : inspirée par la nature
La permaculture est inspirée par l’observation de la nature (bio-mimétisme): sa productivité, sa diversité, sa résilience, son efficacité, son esthétique…
Dans la nature, tout est ressource, rien n’est une pollution en soi. Voici un exemple simple : un animal herbivore va brouter des plantes, dont une partie servira son métabolisme ; par ailleurs ses déjections retourneront à la terre pour nourrir les plantes ; enfin, il sera peut-être un jour la proie d’un prédateur, si il ne meurt pas autrement.
A travers cet exemple simple, on voit que la nature est un marché complexe et interconnecté. De plus, la diversité des écosystèmes est la clé de leur résilience ; c’est pourquoi de nombreux principes de la permaculture puisent leur source dans la nature; voyons plus en détail de quoi il s’agit!
Les principes
Les permaculteurs proposent des principes aidant à concevoir les projets de manière optimale.
Grâce à David Holmgren, Bill Mollison et d’autre d’autres permaculteurs émérites, plus de 20 principes de la permaculture servent de guides afin de créer des modes de vie soutenables.
Vu le grand nombre et la complexité de certains principes, nous aimons proposer des exercices collectifs lors de nos activités. Consultez le programme !
La fleur de la permaculture
L’éthique et les principes dont nous venons de parler s’insèrent dans notre quotidien à travers la fleur permaculturelle.
Vous pensiez donc que la Permaculture, c’était du jardinage ? La fleur ci-dessus nous suggère que nous pouvons aborder tout type de sujet à travers cette démarche! Ce qui nous mène à discuter de ce que la permaculture n’est pas…à nos yeux, bien entendu.
Ce que la permaculture n’est pas
- Une méthode miracle de jardinage sans travail et sans eau
- Des buttes
- Un sujet restreint au monde agricole
Malgré les préjugés dont la Permaculture souffre, nous trouverions dommage de se passer de cette démarche polyvalente, que nous allons à présent situer dans son contexte pour mieux la comprendre!
Contexte et historique
En 200 ans (depuis le début de la révolution industrielle), l’être humain a fait entrer la planète dans une nouvelle ère, l’anthropocène. Elle fait suite à l’holocène, une période d’environ 10 000 ans caractérisée par un climat stable. Cela a probablement favorisé l’émergence de l’agriculture et des civilisations sédentaires.
L’histoire de la Permaculture est donc liée à notre consommation d’énergies fossiles : l’image ci-dessous montre différents scénarios envisageables pour notre avenir.
Les répercussions du modèle fossile
- La dépendance: Agriculture / Santé / Loisir / Alimentation
- Lien avec les pics des métaux : Communication / Construction / Électricité
- Les risque à terme : Disparition d’emplois / d’acquis sociaux / dé-mécanisation / relocalisation
- Exode urbain
Le monde moderne est hautement complexe et interdépendant, ce qui le rend fragile, car l’interdépendance est forte mais ce fonctionnement dépend lui-même d’une source d’énergie qui conditionne la disponibilité de toutes les autres : le pétrole (et le gaz dans une moindre mesure). La réaction d’un écosystème naturel au changement est l’adaptation, celle de notre société risque d’être l’effondrement à cause de ce manque de flexibilité vis-à-vis de notre ressource fossile.
Des alternatives? ça dépend…
Saviez-vous que fabriquer une éolienne nécessite de consommer 600 barils de pétrole? Cela représente 95400 litres de pétrole, selon Benoît Thévard!
Nous pouvons prendre la plupart des énergies dites « renouvelables » et trouver de tels exemples de la difficulté de mettre en place ces solutions à grande échelle…L’enfer est pavé de bonnes intentions ! La Permaculture propose de bâtir des modèles réellement soutenables, économes mais malgré tout épanouissant. Cela nous vient de deux australiens que nous allons maintenant présenter.
Les fondateurs du mouvement
En 1978, Bill Mollison et David Holmgren, alors son étudiant, co-écrivent Permaculture 1, dédié à l’agriculture soutenable (agriculture permanente). Le tome 2 est écrit un an plus tard par Mollison et traite du design agricole. Dix ans plus tard, Mollison écrit « Permaculture: a designer’s manual », traitant désormais de Design dans un sens plus large.
Ainsi, en une ou deux décennie, la permaculture sort du monde agricole pour élargir son champ d’application.
Permaculture : pourquoi et comment?
Comme nous l’avons déjà vu, il s’agit de créer des lieux soutenables, en imitant la résilience et l’efficience de la nature. La soutenabilité est une volonté fondatrice de la permaculture : trouver des solutions nous permettant d’assurer la pérennité de nos sociétés, en laissant sa place à la nature, seule et unique pourvoyeuse de nos besoins! Comme le suggère l’éthique présentée sur cette page, c’est en soignant la terre et en partageant équitablement que l’on soigne l’humain, et vice-versa.
Vous pouvez lire nos articles à propos des thématiques qui se réfèrent à ce grand sujet : soigner la terre, habiter durablement, et être-ensemble.
Naturellement, la société soutenable imite la nature, pour être résiliente. C’est comme un élastique, vous tirez dessus mais il revient à sa forme de départ, pour peu que l’étirement ne dépasse pas sa résilience.
Tout artisan utilise des outils appropriés à son art. Il en va de même pour le permaculteur, et son outil principal est le Design en Permaculture.
Le design en Permaculture : une méthodologie éthique au service de la vie
En permaculture, le mot design signifie à la fois conception, aménagement, planification et organisation (et n’a donc aucun rapport avec l’esthétique ni la décoration). Le design est le concept opérationnel fondamental en permaculture, qui permet de mettre en œuvre les éthiques de la manière la plus efficace.
La permaculture est [donc] la science du design de systèmes soutenables et résilients.
http://www.permaculture-sans-frontieres.org/fr/design
La pierre angulaire du design est l’observation. Tantôt, elle est analytique avec des données météorologiques etc., tantôt qualitative en utilisant tous ses sens. Sentez les courants d’air, les zones humides, les cheminements créés par les animaux.
L’observation permet de voir des subtilités que l’intellect ne saisit pas : ci-contre, un chemin naturel créé en dépit de l’existence d’un sentier bétonné. Le design permaculturel tente d’appréhender cela.
Toutes les données vont être synthétisées grâce à la méthodologie de conception en permaculture, pour donner un projet écologique, durable, et productif :
- En savoir plus sur les jardins partagés en permaculture : le jardin de Villamont ou le jardin d’Eric.
La Permaculture : conclusion
A travers cette page, nous avons pu voir la diversité proposée par la Permaculture pour tenter de répondre aux problématiques environnementales et sociales actuelles. Ce concept dépasse le cadre des jardins et de l’agriculture, c’est une démarche de vie éthique basée sur l’observation des écosystèmes et leur fascinante stabilité.
Plus qu’une démarche, c’est une véritable boîte à outil à destination des concepteurs, pour mettre en œuvre des solutions afin de créer ensemble un avenir soutenable et épanouissant.